CIRCUIT LE MANS-BUGATTI

6 & 7 JUILLET 2024

BIOGRAPHIE DE HENRI PESCAROLO

Né à Paris le 25 septembre 1942, Henri Pescarolo est un enfant calme qui trouve son bonheur au volant de la 203 de son père, dont il a observé la technique de conduite avec beaucoup d’attention. Il sait exactement comment s’y prendre, à tel point qu’il apprend à conduire la voiture seul, à l’âge de 9 ans. A 15 ans, il domine déjà le véhicule, et, n’ayant pourtant jamais observé de course automobile, il joue aux dérapages dans la cour de la maison familiale.
 

Henri a le pilotage dans la peau, sur terre, ou dans les airs (1ers vols aériens à 16 ans, 1ers cours de voltige à 18 ans !). Il se consacre à ses études de médecine mais peine à s’y passionner. Son père, lui-même médecin et connaissant son intérêt grandissant pour l’automobile, comprend vite qu’il a poussé son fils dans la mauvaise voie. Il lui met le premier pied à l’étrier en lui proposant de partager le volant de sa Dauphine 1093 lors d’un rallye à la Baule en 1962, réservé aux médecins. Pas de classement ce jour-là mais cet événement déclenche sa carrière de pilote automobile

02-bis-1962 - Rallye de la Baule avec son papa

Henri au volant de la Dauphine 1093 de son père lors du Rallye Esculape à la Baule en 1962

C’est l’AGACI (Association Générale Automobile des Coureurs Indépendants) qui révèle le talent d’Henri. Il est le pilote le plus doué de sa promotion (où l’on note la présence de Patrick Depailler et José Dolhem). Rapide et imperturbable, Henri dispute son premier championnat, avec 3 victoires, au volant de sa Lotus Seven lors de la Coupe des Provinces (1964-65).

3 victoires pour Henri au volant de sa Lotus Seven lors de la Coupe des Provinces (1964-65),
– Son premier Championnat –

L'ÈRE MATRA

En 1965, le constructeur français Matra s’investit dans la compétition automobile et recrute de nombreux jeunes talents dont Henri Pescarolo, qui obtient cette année-là le poste de 3ème pilote dans l’écurie en Formule 3, aux côtés de Jean-Pierre Jaussaud et Jean-Pierre Beltoise. Titularisé en 1966 (année de sa 1ère participation aux 24 Heures du Mans) et battu cette même année par son nouvel équipier Johnny Servoz-Gavin, il remporte finalement le titre de champion de France F3 en 1967 avec pas moins de 11 victoires. Très en vue, Henri débute dans le championnat d’Europe Formule 2 avec son coéquipier Jean-Pierre Beltoise. Il termine second à 5 reprises avant de remporter sa 1ère course à Albi et de décrocher le titre de Vice-champion d’Europe puis Vice-champion de France F2 en 1968. Il s’essaie cette même année pour la 3ème fois aux 24 Heures du Mans, et pour la première fois à la F1.

Henri Pescarolo, Jhonny Servoz-Gavin,
Jean-Pierre Beltoise, et Jackie Stewart

En 1969, la série de victoires est violemment interrompue par un très grave accident lors des essais privés préparatoires au Mans sur la Matra 640 qui s’envole dans la ligne droite pour retomber dans la forêt qui borde la piste. Si Henri Pescarolo a cru mourir ce jour-là, il s’en sort avec de très sérieuses brûlures et fractures à la colonne vertébrale. Il reprend la compétition dès l’été et réussit à se classer à la 5ème place du classement général du Grand Prix d’Allemagne avec sa Matra F2 face aux autres monoplaces F1. Et il remporte les 1000km de Paris en fin de saison avec Beltoise.

Matra le titularise en Formule 1 en 1970. Il termine 3ème du GP de Monaco et décroche le titre de champion de France de F1 et de F2. Mais pour l’écurie, sa saison F1 reste globalement décevante et Matra décide de le remplacer par le néo-zélandais Chris Amon. La saison suivante, Henri Pescarolo est recruté par la modeste écurie de Franck Williams.

1000 km de Paris en 1969 : Pedro Rodriguez, Jean-Pierre Beltoise, Henri Pescarolo, et Brian Redman

1970, les Matra MS120 au Grand Prix de Brands Hatch

1972, Henri au volant de la March 721,
évolution de la March 711

 

La fragilité de la March 711 engagée lui fait enchaîner les mauvais résultats. On garde tout de même en mémoire sa 4ème place au GP de Grande-Bretagne en 1971 et son record du tour au GP d’Italie la même année. La saison de F1 1972 ne sera pas plus brillante. La voiture est moins performante, et Henri est victime de plusieurs accidents dont il sort toujours indemne. Il ne roule qu’à quelques occasions en 1973 avant son retour dans l’écurie BRM l’année suivante, moins performante, une nouvelle déception pour le français. Il abandonne définitivement les épreuves F1 en 1976.

LES SUCCÈS

C’est en Sport Prototype que la série de ses grandes victoires va débuter, chez Matra.
Il remporte 3 victoires consécutives aux 24 Heures du Mans avec Graham Hill en 1972 puis avec Gérard Larousse en 1973 et 1974. Matra remporte dès lors le championnat du monde des constructeurs et met fin à sa participation en endurance.

1972, Départ des 24 Heures du Mans

En 1975, Henri décroche son premier titre de champion de France des circuits à la suite de ses trois victoires avec Alfa Roméo, à Spa, Zeltweg, et Kyalami, puis son second titre en 1978 sur Porsche, pour le Kremer Racing.

Il remporte à nouveau les 24 Heures du Mans 10 ans plus tard, en 1984, au sein de l’écurie Jöest, avec la Porsche 956 Newman. C’est sa 4ème victoire aux 24 Heures du Mans. À ce jour, seuls Jacky Ickx et Tom Kristensen ont réussi à faire mieux. Il devient une nouvelle fois champion de France des circuits et remporte la Porsche Cup la même année terminant ainsi meilleur pilote privé du Championnat du Monde d’endurance.

La Porsche 956 victorieuse au Mans avec Henri en 1984

Les 1000 km du Nürburgring de 1986 consacrent sa 17ème victoire en championnat du Monde Sport Prototype. Il finit ensuite 3ème du Championnat de France Sport Prototype en 1989. Puis il effectue une très belle saison aux Etats-Unis en 1991, toujours avec l’écurie Jöest, où il remporte les 24H de Daytona et termine 3ème des 12H de Sebring. S’il participe tous les ans ou presque à l’épreuve mancelle, il ne se retrouvera plus sur le podium, mais à des places honorables (6ème en 1989 et 1992 mais 1er au classement des moteurs atmosphériques, 7ème en 1985, 1991, 1996, 1997 et 1998). Il effectue sa dernière participation au Mans comme pilote en 1999, où il termine 9ème avec sa Courage C50.

1999, Henri et Courage C50 pour sa dernière
participation comme pilote au Mans

L'AVENIR

Henri s’est aussi beaucoup illustré en intervenant auprès de jeunes pilotes pour leur apprendre le métier. L’histoire débute en 1994, quand le pétrolier ELF décide de lui confier la direction de sa structure de formation : La Filière.

La Filière est reprise par la FFSA en 2000, mais Henri poursuit son œuvre en créant sa propre écurie, Pescarolo Sport et engage des voitures dans les principales courses d’endurance. Il développe sa propre voiture en 2004, la Pescarolo-Judd, qui termine 4ème au Mans, 4ème du Championnat Le Mans Series et remporte le championnat de France Sport Prototype. Si Audi reste indétrônable, l’écurie est deuxième des 24 Heures du Mans 2006 et se console en remportant le championnat Le Mans Series. Devenu Pescarolo Team en 2011, l’écurie et Henri arrêtent leur activité en 2013.

Dans les ateliers de Pescarolo Sport

Henri et Madie Pescarolo, et Benoît Tréluyer au Mans en 2006

En 2006, Pescarolo Sport doit faire face aux Audi à
moteur diesel mais se montre toujours aussi performante

Henri Pescarolo demeure aujourd’hui un pilote populaire, dont le grand public apprécie la simplicité, la pertinence et la droiture.
Il envisage tout avec calme et lucidité, même dans les moments difficiles de sa vie.

« Succès ou échec, rien ne semble donc toucher Henri Pescarolo.
Le succès apparaît à ses yeux comme une conséquence normale de ses activités.
L’échec est son pendant. »

– J. RIVES –